Quête du Graal.Marianne
Pour Marcus Malte, il n'y a pas deux sortes d'écriture, simplement une manière différente d'organiser l'espace imaginaire. Ce musicien est donc passé du concerto à la symphonie et, après s'être affirmé en maître de la nouvelle et du polar court et rythmé, il ose un roman de plus de 500 pages. Le Garçon n'est jamais que l'histoire du monde vue par un étrange personnage, un enfant sauvage, innocent et mutique, surgissant à l'aube du XXe siècle, quand se prépare la première des grandes catastrophes. Malte propulse son héros dans la quête d'un Graal qui n'est rien d'autre que l'existence. Le jury du Femina n'en revenait pas ! « Un aérolithe tombé sur nos plates-bandes littéraires », s'écria la présidente, Mona Ozouf. En effet. Les romans conçus pour les prix sont à la littérature ce que les rangées d'hortensias des jardins petits-bourgeois sont aux floraisons sauvages d'Amazonie. L'aérolithe venu ravager les enclos littéraires venait d'un monde foisonnant, celui de l'imaginaire du noir. Comme le jazz venu bouleverser la musique réputée savante. Un enfant silencieux révélant le vacarme du monde, il fallait un musicien pour l'imaginer, et seul un baroudeur du polar pouvait faire entendre la violence d'une guerre, dont on célébrait le centenaire en alignant des soldats de plomb.
Le Garçon, prix Femina 2016, prolonge une œuvre littéraire née dans les conventions du polar. Marcus Malte n'a pas fini de piétiner les plates-bandes de la littérature rangée.