Pleure ma fille, tu pisseras moins
"On ne naît pas fille, on le devient", tout le monde sait ça depuis Simone de Beauvoir. Aussi la réalisatrice, qui a vécu, enfant, dans la hantise de la féminité à venir, s'interroge-t-elle : comment la construction s'est-elle opérée en elle-même ?
Quelles injonctions, tacites ou formulées, ont façonné cette jeune femme en train de se maquiller, et dont la caméra renvoie l'image comme un miroir ? Décidée à comprendre comment s'est opérée en elle la construction des genres et leur signification, elle entreprend de poser la question à la source : la famille. Et met sur la sellette, les uns après les autres, son père, sa mère, sa soeur, son frère, ses tantes ou ses cousines. La récolte offre un joyeux mélange des genres, plus inventaire à la Prévert qu'autoanalyse familiale : de la possibilité ou non de porter "des jupes et des bottes" à la répartition des tâches dans le foyer en passant par l'analyse des prières hébraïques liées à l'appartenance à tel ou tel sexe, ou par cet étrange conseil, hérité de la lignée maternelle, qui donne son sous-titre au film ..
Pauline Horovitz a suivi des études d’arts plastiques, à l’École nationale supérieure des arts décoratifs (ENSAD). Elle a réalisé plusieurs courts-métrages documentaires expérimentaux, réunissant la photographie, l’image vidéo, les films super 8 de famille et sa voix. Les appartements a été sélectionné dans de nombreux festivals.
Elle nous parle de son expérience dans le projet Cut Up : « Venant des arts plastiques, j’étais à l’aise avec le format court. La nouveauté pour moi résidait surtout dans les conditions de travail : pour la première fois, j’ai travaillé avec un monteur et, de temps en temps, avec un chef opérateur. »