C'est dur d'être aimé par des cons
Daniel Leconte, réalisateur du documentaire, était impliqué dans le procès bien avant de porter la caméra : "Quelques mois avant le procès, j'ai été alerté par Philippe Val. C'était au moment où "Charlie Hebdo" était menacé d'interdiction à l'occasion de la publication de ces fameuses caricatures. J'ai écrit pour les pages "Rebonds" de "Libération", un texte, intitulé "Merci Charlie", où j'expliquais pourquoi il était important que cet hebdomadaire ait relevé la tête dans ce contexte.
A la suite de cette parution, Philippe Val m'a appelé pour me remercier. Il en a profité pour me demander si je voulais bien être témoin à leur procès. Dans un premier temps, je lui ai répondu ne pas me sentir vraiment de légitimité pour cela, mais qu'on pouvait en parler. Quoi qu'il en soit, j'étais prêt à soutenir, auprès des chaînes de télévision, l'idée d'un film sur le procès. Je l'ai fait. Toutes se sont curieusement désistées. Val m'a alors fait remarquer que j'avais là, la matière première de mon intervention au procès ; ne serait-ce que pour expliquer devant un tribunal que les médias français refusaient d'aborder le problème. Alors j'ai dit oui." Ne pouvant accéder à la salle de tribunal où se trouvait le coeur de l'action, Daniel Leconte a mené de nombreux entretiens avec les protagonistes pour tenter de restituer au mieux l'atmosphère et les propos échangés dans l'enceinte du tribunal. Il s'est notamment procuré la transcription des débats afin de remettre ses interlocuteurs en situation au moment du tournage, "pour qu'ils [lui] répondent au plus près des termes utilisés pendant les audiences." Le réalisateur avait cependant un problème de taille : "Le principe, mais aussi la difficulté du film, était de revisiter le procès en connaissant d'avance son issue. Il fallait donc constamment se faire violence pour rester dans les faits et évacuer le commentaire."