Le tour de l'oie.Erri de Luca
«Une fois interrompue la série des naissances, j’étais un rameau sans bourgeon ou, comme dit un de mes amis pêcheurs : un rocher qui ne fait pas de patelles.
Je te parle à toi ce soir qui n’est même pas celui-ci. C’est un soir.
Toi, tu es là, plus vrai, plus proche et consistant que le plafond. Je te parle à toi et non à moi-même.
Je le sais parce qu’avec moi je parle napolitain.»
Un soir d’orage, un homme – qui ressemble beaucoup à l’auteur – est assis à une table, chez lui. Éclairé par le feu de la cheminée, il est en train de lire un livre pour enfants, Pinocchio. Dans la pénombre, une présence évanescente apparaît à ses côtés, qui évoque le profil du fils qu’il n’a jamais eu. L’homme imagine lui raconter sa vie : Naples, la nostalgie de la famille, la nécessité de partir, l’engagement politique. À travers cette voix paternelle, ce fils spectral assume progressivement une consistance corporelle. La confession devient confrontation, la curiosité se transforme en introspection, le monologue évolue en dialogue, au cours duquel un père et un fils se livrent sans merci.
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