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Mademoiselle

Pendant les années 1930, dans une Corée sous domination japonaise, Sook-hee est engagée comme domestique au service d'Hideko, une héritière japonaise, qui vit dans un beau manoir, en pleine campagne, sous la domination de Kouzuki, son oncle tyrannique. Mais la jeune femme a un secret : pickpocket experte depuis l'enfance, elle a été embauchée par Fujiwara, un escroc qui se fait passer pour un comte japonais. Sook-hee est en effet chargée de l'aider à séduire Hideko afin de la faire interner et de la délester de sa fortune. Mais les sentiments s'en mêlent...

Critique du 08/11/2017  

Par Guillemette Odicino

| Genre : film de vengeance.

Depuis Old Boy, en 2003, on s’attend à toutes les folies de la part de Park Chan-wook. Son film d’amour vampirique, Thirst, ceci est mon sang, en 2009, prouvait que le Coréen savait revisiter la littérature classique (Thérèse Raquin, de Zola) à sa sauce gothique. Ici, il transpose un roman récent, Du bout des doigts, de la Britannique Sarah Waters, en Corée, au moment de son occupation par le Japon, dans les années 1930.

Donc, il était une fois une jeune arnaqueuse, envoyée par un escroc au service d’une belle recluse japonaise qui se fane sous le joug d’un oncle bibliophile, érotomane et fan du marquis de Sade… En fait, le cinéaste prend un malin plaisir à nous balader dans un conte en trois actes qui se contredisent et s’enrichissent, où chaque personnage, tour à tour manipulateur et manipulé, avance vers sa vérité.

Deux scènes d’amour sont troublantes, osées : le cinéaste y confisque L’Origine du monde (et les boules de geisha) au seul plaisir des hommes, grands perdants de ce thriller à tiroirs. Mais la plus belle ­séquence, au cœur de Mademoiselle, est la fuite, à l’aube, de deux beautés… Au bout du parc, un petit muret. La première hésite : il y a tant de liberté derrière cette ­minuscule frontière. La seconde empile deux valises en guise d’escalier pour l’aider à passer de l’autre côté. Grâce à cet infime geste de galanterie d’une femme envers une autre, Park Chan-wook devient le plus romantique des féministes.

Critique lors de la sortie en salle le 05/11/2016  

Par Guillemette Odicino

 

Depuis Old Boy, en 2003, son thriller de la vengeance où l'on apprenait la dégustation du poulpe vivant, on s'attend à toutes les folies de la part de Park Chan-wook. Son film d'amour vampirique, Thirst, ceci est mon sang, en 2009, prouvait que le Coréen savait revisiter la littérature classique (Thérèse Raquin, de Zola) à sa sauce lyrique et gothique. Ici, il transpose un roman récent, Du bout des doigts, de la Britannique Sarah Waters, en Corée, au moment de son occupation par le Japon, dans les années 1930.

Donc, il était une fois une jeune arnaqueuse, envoyée par un escroc au service d'une belle recluse japonaise qui se fane sous le joug d'un oncle biblio­phile, érotomane et fan du marquis de Sade... En fait, non : il y a bien une jeune arnaqueuse, mais elle est, elle-même, arnaquée par une divine créature apparemment pure comme le cerisier en fleur, mais au coeur noir comme le péché. Mais tout compte fait, ce n'est pas cela non plus : avant tout, Mademoiselle est une histoire d'amour... Le cinéaste prend un malin plaisir à nous balader dans un conte en trois actes qui se contredisent et s'enrichissent, où chaque personnage, tour à tour manipulateur et manipulé, avance vers sa vérité. A chaque scène son envers, et le sexe, d'abord présenté com­me une fascination vénéneuse et toxique, tourne, grâce aux femmes, à la révélation libératrice. Pour enlacer ces thèmes, le réalisateur use de tout ce que la magie du cinéma permet : panos circulaires vertigineux, zooms qui pénètrent le château de l'oncle, sorte de Barbe-Bleue à la langue noire à force de lécher l'encre de ses précieuses estam­pes coquines. La nature, elle, est filmée avec la délicatesse de l'estampe japonaise et la majesté des jardins victoriens. C'est L'Empire des sens dans les dentelles de Downton Abbey ! Park Chan-wook est un fétichiste de l'esthétique : les collections de chapeaux et de gants au nuancier délicat, une paire de boucles d'oreilles bleu saphir qui passe de lobe en lobe ou les lanières d'un ­corset deviennent des objets de culte. En revanche, la bibliothèque où le vieux sadique condamne sa nièce à lire des textes érotiques devant un parterre d'amateurs témoigne d'un autre fétichisme plus pervers. Moment jubilatoire, digne d'un opéra, où la servante et sa maîtresse mettent à sac ce temple de la perversion masculine !

Deux scènes d'amour sont troublantes, osées : le cinéaste y confisque L'Origine du monde (et les boules de geisha !) au seul plaisir des hommes, grands perdants de ce thriller à tiroirs. Mais la plus belle séquence, au coeur de Mademoiselle, est la fuite, à l'aube, de deux beautés (a-t-on dit que les deux actrices étaient splendides ?)... Au bout du parc, un petit muret. La première hésite : il y a tant de liberté derrière cette minuscule frontière. La seconde empile deux valises en guise d'escalier pour l'aider à passer de l'autre côté. Grâce à cet infime geste de galanterie d'une femme envers une autre, Park Chan-wook devient le plus romantique des féministes. — Guillemette Odicino


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