Hedâyat Sadeq
Écrivain, traducteur, Sadeq Hedâyat est né à Téhéran en 1903. Il arrive en France en 1926 pour y poursuivre ses études, et après un retour en Iran, des séjours marquants en Inde et en Ouzbékistan soviétique, il y revient en 1950. Il se donne la mort à Paris en 1951.
Le 9 avril 1951, au début du Norouz, fête du printemps perse, l’écrivain iranien Sadegh Hedayat se suicide au gaz dans son appartement parisien de la rue Championnet, dans le XVIIIème arrondissement. Opiomane, alcoolique mais végétarien, le poète achève ainsi, à quarante-huit ans, une vie d’errance. Né le 17 février 1903 à Téhéran dans une grande famille, Hedayat (en persan : صادق هدایت) vient une première fois à Paris en 1926, afin d’y poursuivre, mollement, des études à l’école des Travaux Publics. Il y restera cinq ans, avant de revenir en Iran, et d’y occuper de médiocres postes administratifs. Grand voyageur, il se consacre alors à la traduction de textes anciens (parmi lesquels les poèmes d’Omar Khayyam), et à l’écriture de pièces de théâtre, d’essais, de nouvelles et de récits. Son célèbre roman La chouette aveugle ( بوف کور, Bouf-e Kour) paraît une première fois en 1936, à Bombay, avant d’être édité en 1941 à Téhéran, où il fait immédiatement scandale. Fortement influencé par Kafka, Hedayat, qui décrit les errances hallucinées d’un toxicomane, y exprime un profond sentiment de solitude existentielle. Moins connus, ses contes et fantaisies évoquent eux le folklore local, la vie paysanne, et témoignent d’un esprit à la fois caustique et plein d’humour.
En 1950, Hedayat, écoeuré par le climat politique de son pays, et notamment par le pouvoir des mollahs, qualifiés de têtes de choux, retourne à Paris. Il n’y restera que cinq mois, et choisira donc de mettre fin à ses jours. Traduite par son ami Roger Lescot, et parue en 1953 aux éditions José Corti, La chouette aveugle enthousiasmera les Surréalistes, et sera adaptée en 1987, avec le même titre, par Raoul Ruiz. Aujourd’hui considéré comme un précurseur, mais mort misérablement, Hedayat, qui se serait converti au bouddhisme, est pourtant enterré dans le petit carré musulman de la division 85. De forme triangulaire, sa belle tombe de marbre noir est ornée d’une chouette. La communauté iranienne de Paris vient régulièrement rendre hommage à l’écrivain.