Ariosto Ludivico
Issu d'une famille noble mais sans grandes ressources, Ludovico Ariosto reçut une bonne éducation humaniste, mais regretta toujours de ne pas avoir appris le grec. Chargé très tôt d'assurer l'éducation de ses frères et sœurs, il ne put se consacrer autant qu'il l'aurait souhaité à l'étude et à la poésie. Entré en 1504 au service du cardinal Hippolyte d'Este, il accomplit pour ce prince de nombreuses ambassades, notamment auprès du pape Jules II. Ayant refusé de suivre le prélat en Hongrie, il passa au service d'Alphonse d'Este, duc de Ferrare et frère du cardinal. Ce dernier lui confia comme ultime charge le gouvernement de la Garfagnana, une province rude et infestée par le brigandage. Il s'en tira avec honneur et put enfin se retirer dans sa petite maison de Ferrare (toujours visible) entouré par l'affection de sa maîtresse et de son fils. C'est entre ces diverses charges que l'Arioste ne cessa de travailler à son chef-d'œuvre, le Roland furieux (Orlando furioso), subtile parodie du poème chevaleresque, qui se présente comme une suite au Roland amoureux de Matteo Maria Boiardo, son prédécesseur. Il y tresse, avec une suprême habileté et une ironie formelle très moderne, trois grands thèmes : la guerre entre Charlemagne et les Sarrasins, la folie de Roland vainement amoureux de l'inconstante Angélique, enfin les amours et le mariage de Roger et Bradamante, ancêtres imaginaires de la dynastie d'Este. Composé de 46 chants, dont l'unité poétique est l'octave (stanza), mêlant le tragique au plaisant, le lyrique au romanesque, usant avec autant de liberté que de maîtrise de toute la culture européenne, d'Homère aux contemporains en passant par les romans médiévaux, le Roland furieux, sublime l'expérience livresque et humaine de l'Arioste en une symphonie perpétuellement mouvante de personnages et d'événements qui, après l'écroulement des repères du Moyen Age, reflète le scepticisme souriant de la Renaissance. Ses compatriotes, dans leur admiration, l'ont surnommé le divin Arioste. Il publia son poème pour la première fois en 1516, en 40 chants, mais il ne cessa de le retoucher et en donna en 1532 une édition augmentée de six chants.