Walpole Horace
Épistolier, critique d’art, romancier, historien, dramaturge, homme politique, H. Walpole vécut longtemps, comme son rival W. Beckford. Il est avant tout considéré comme le père fondateur du roman "gothique" ou de "terreur", conçu après un rêve dans le décor pseudo-médiéval que ce dilettante, amateur de bric-à-brac, touche-à-tout, s’était fait construire et où il imprima lui-même la plupart de ses œuvres sur ses propres presses. Sa correspondance nous le montre d’ailleurs comme un esprit curieux, aux idées larges, au jugement sûr, conscient que les lecteurs fatigués du rationalisme classique, attendent des œuvres ouvertes enfin à l’émotion, à l’imagination. Walpole ne fut pas seulement un des conteurs les plus originaux de sa génération, mais aussi un précurseur du surréalisme ou de Lewis Carroll dans ses Contes hiéroglyphiques, et le véritable inventeur de l’écriture automatique. Comme le dit Paul Eluard, Horace Walpole a été le précurseur du roman noir : de Maturin (pour la mise en scène), de Lewis (pour la précipitation passionnée des événements), d’Ann Radcliffe (pour l’atmosphère et le droit à l’absurde) et même d’Achim d’Arnim (pour la froideur dans le bizarre). Sa lettre à la marquise du Deffand est prémonitoire : "Je n’ai pas écrit mon roman pour ce siècle-ci, qui ne veut que de la raison froide (…) il ne sera goûté que plus tard". Ce qui fait la force et la faiblesse du conte, comme de la plupart des textes romantiques, c’est qu’il ne peut être lu de sang-froid. L’on comprend l’apostrophe à Voltaire.