Morovich Enrico
Enrico Morovich est né en 1906 à Pecine, faubourg de Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Slovénie). Il devient, en 1924, employé de banque et, quatre ans plus tard, adresse à Alberto Carocci, directeur de la prestigieuse revue Solaria, un récit, Giovani (Jeunes Gens), qui ne sera jamais publié mais marque le début d’une longue collaboration entre les deux hommes. En 1929, Solaria accepte, en revanche, Un compagno di scuola (Un camarade d’école). Hormis une année d’interruption due à une grave crise nerveuse, Morovich publiera très régulièrement nouvelles et récits dans cette revue (dont les auteurs les plus éminents sont alors Saba, Montale, Vittorini ou Gadda), ainsi que dans Il Selvaggio ou Convengo. Après la disparition de Solaria, il reste fidèle à l’esthétique de cette revue en collaborant à la Riforma letteraria que Carocci fonde en 1936 avec le poète Giacomo Noventa. Il publie là, en 1937, sous forme de feuilleton, son premier roman Non era bene morire (Il ne convenait pas de mourir) ; ce texte ne paraîtra en volume qu’en 1992. Publié par les éditions de Solaria en 1936, le recueil de nouvelles L’osteria sul torrente (L’Auberge sur le torrent) est salué comme l’œuvre d’un jeune auteur qui tend à « dépouiller le récit de toutes les fioritures littéraires, psychologiques, philosophiques et pittoresques ». L’éditeur florentin Parenti publiera d’autres recueils : Miracoli quotidiani (Miracles quotidiens) en 1938, et Ritratti nel bosco (Portraits dans le bois) en 1939. En 1981, les éditions Sellerio republieront, à Palerme, ces deux recueils en un seul volume, sous le titre Miracoli quotidiani. Après deux romans parus en 1942 – Contadini sui monti (Paysans dans les montagnes) et L’abito verde (L’Habit vert) –, Morovich voit ses publications ralenties par la guerre. Il publie toutefois quelques récits dans Rivoluzione, la revue des Groupes Universitaires Fascistes, ce qui lui sera reproché étant donné, notamment, les dates tardives auxquelles paraissent ces textes, et qui correspondent à une radicalisation du régime. En 1946, le grand critique et philologue Gianfranco Contini insère cinq « historiettes » de Morovich dans son anthologie Italie magique, publiée en français. Au cours de l’été 1950, Morovich quitte définitivement Fiume, devenue yougoslave au terme du traité de paix de 1947, et gagne l’Italie. Après une année passée au camp de réfugiés des Champs Phlégréens, près de Naples, il se rend en Romagne puis à Pise où, de 1952 à 1955, il est commis dans un magasin de souvenirs. Il travaillera dans diverses villes du littoral toscan avant de s’installer à Gênes en 1958, d’y devenir employé du Consortium autonome du port, et d’y prendre sa retraite en 1971. En 1956, il écrit, à Pise, son roman Le Gouffre (Il baratro), publié à Padoue en 1964 et réédité par Einaudi en 1990. Il collabore au journal de Florence La Nazione. Il compose le recueil de nouvelles Ascensori invisibili (Ascenseurs invisibles), qui ne paraîtra qu’en 1980, et le roman La caricatura (La Caricature), qui sera publié en 1983. À la fin des années 70, il fait paraître des poèmes, Racconti a righe corte (Récits en lignes brèves) et Cronache vicine e lontane (Chroniques proches et lointaines). Les années 80 seront celles de sa redécouverte par la critique italienne : sont publiés le roman I giganti marini (Les Géants des mers), le recueil Racconti di Fiume e altre cose (Récits de Fiume et autres), ainsi que Notti con la luna (Nuits de lune). Beaucoup de ses textes demeurent encore dispersés dans d’innombrables périodiques et revues.