Lacarrière Jacques
il passe son enfance à Orléans. « C'est là à six ans, qu'il commença d'écrire des poèmes, trouvant d'emblée et définitivement la voie buissonnière qui allait être sa destinée »1. Il est élève du lycée Pothier d'Orléans puis étudie le droit, les lettres classiques à la Sorbonne et l'hindi à l'Institut national des langues et civilisations orientales. Il obtient les licences de lettres et de droit puis commence une carrière de journaliste, critique et reporter. En 1947, il voyage pour la première fois en Grèce avec le Groupe du théâtre antique de la Sorbonne. En 1950, il passe plusieurs mois en Crète puis au mont Athos. Entre 1952 et 1966, il y retourne régulièrement : le coup d'État des colonels (21 avril 1967) l'empêchera de poursuivre. En 1954, Pierre Seghers publie le premier livre de Jacques Lacarrière : Mont Athos, montagne sainte. Trois ans plus tard, paraît Découverte du monde antique, une traduction et un choix commenté des voyages d'Hérodote. Parallèlement, il est critique dramatique à la revue Théâtre populaire et fréquente la Maison des lettres à Paris ; il côtoie Albert Camus, Raymond Queneau, Roland Barthes, Antoine Vitez. En 1961 paraissent Les Hommes ivres de Dieu. Deux années plus tard, il met en scène Ajax de Sophocle. En 1973, Les Gnostiques est une nouvelle édition de La Cendre et les Étoiles, publié en 1970. Chemin faisant, mille kilomètres à pied à travers la France d’aujourd'hui, paru en 1974, est le récit philosophico-bucolique de son itinéraire des Vosges aux Corbières d'août à décembre 1971. « Je ne souhaite rien d'autre, par ce livre, que redonner à son lecteur le goût des herbes et des chemins, le besoin de musarder dans l'imprévu, de retrouver ses racines dans le grand message des horizons. » Amoureux du grec ancien et de la mythologie, son essai L’Été grec (1976) lui vaut un succès immense. « Lacarrière inventait un genre qui tenait de l'essai, du carnet de route, du poème en prose improvisé au rythme de la marche et du récit libéré de tous les codes formels. Rien ne venait brimer l'élan, l'allégresse, la colère, l'ironie qu'il ressuscitait, page à page, en remettant ses pas d'écriture dans les pas du jeune homme si bien défini par son ami Abidine Dino, qui le voyait avide de « chercher, trouver, voir, dire sans jamais redire » »1. En 1979, il se marie avec Sylvia Lipa, dont il aura un fils. Au cours des années 1980, il écrit à Sacy, village bourguignon, Marie d’Égypte, un premier roman qui mêle tout en délicatesse et en poésie l'histoire de Marie l'Égyptienne et les réflexions de l'auteur sur l'époque à laquelle elle vivait. Viendront ensuite Au cœur des mythologies, En suivant les dieux, À la tombée du bleu, Chemins d'écriture, L'Envol d'Icare, Paroles de la Grèce antique, Ce bel aujourd'hui, Un jardin pour mémoire et Dictionnaire amoureux de la Grèce. En 1991, il reçoit le Grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre. Écrivain voyageur, il est proche, à de nombreux titres, du Suisse Nicolas Bouvier, auteur de l'Usage du monde. À propos du voyage, il déclare : « Ma philosophie, c'est le contraire de celle de l'escargot : ne jamais emporter sa demeure avec soi, mais au besoin apprendre à habiter celle des autres qui peuvent aussi habiter la vôtre. »2. Un amour de Loire paraît en 2004. Les textes sont illustrés par des aquarelles de Michel Gassies. « J’ai grandi dans un jardin du Val de Loire entre deux mères : une mère de sang et une mère de source. » Il est mort à Paris le 17 septembre 2005, des suites opératoires d'une intervention orthopédique. Ses cendres ont été dispersées au large de Spetses (Grèce). Il a été membre du jury du prix Alexandra-David-Néel/Lama-Yongden3. Dejà lu : Les Hommes ivres de dieu Chemin faisant, mille kilomètres à pied à travers la France d'aujourd'hui En cheminant avec Hérodote, Marie d’Égypte, En suivant les dieux La Poussière du monde Un jardin pour mémoire. Dans la forêt des songes,