Almendros Vincent
Publier son premier roman chez Minuit, c'est un événement dans une vie d'auteur. Vincent Almendros a 33 ans, quelques années d'écriture derrière lui. "J'ai commencé par des poèmes en prose, confie-t-il, que j'ai montré à une prof de fac à Avignon qui m'a beaucoup marqué. Et elle m'a dit : 'vous êtes bien meilleur en poésie qu'en prose !' Ça m'avait vexé et je me suis dit que je ne ferais plus que de la prose (rires.)" Après plusieurs essais inachevés, les tiroirs de Vincent Almendros ont accueilli un premier roman, "pas bon, pas achevé, trop écrit dans l'impulsion, trop rapidement. Mais qui m'a permis d'arriver à finir quelque chose. Je commençais à me poser des questions de construction, d'échos..." Etape suivante : montrer le roman, l'envoyer par la poste, le soumettre aux éditeurs... et encaisser les lettres de refus. Puis recommencer. Avec un nouveau roman. "'Ma chère Lise', je l'ai envoyé par mail à Jean-Philippe Toussaint", poursuit Vincent Almendros. "J'avais juste besoin d'un retour professionnel. Il m'a répondu très vite." Tiens, pourquoi Toussaint ? "J'ai pris l'un de mes écrivains préférés, l'un des plus forts à mes yeux, et dont je me sens proche. Il m'a dit que ça lui avait beaucoup plu, et il m'a proposé de le montrer à Irène Lindon (directrice des éditions de Minuit, ndlr.). Je suis tombé des nues, je ne m'attendais pas à ce que ça aille jusqu'au bureau d'Irène Lindon..." Rendez-vous est pris, le courant passe : Irène Lindon et Vincent Almendros ont parlé "page après page de petits détails. C'est une excellente lectrice." Et Almendros un excellent héritier, même si l'école n'est pas si vieille, de cette génération d'écrivains à laquelle appartiennent Jean Echenoz, Christian Oster et Tanguy Viel. Jérôme Lindon, fondateur des éditions de Minuit, s'était demandé comment appeler ce mouvement succédant au Nouveau Roman. Ecriture minimaliste, ou impassible ? Quelques années plus tard Jean-Philippe Toussaint a trouvé l'expression : "roman infinitésimaliste". "Je m'y suis retrouvé, conclut Vincent Almendros, c'est ça que j'avais envie de faire. Un livre sur l'infiniment petit qui parlerait aussi de l'infiniment grand, du temps, de la mort..." Et des affres causées par l'ingénue Lise.