Garcia Tristan
Fils de professeurs, Tristan Garcia est né à Toulouse et a vécu son enfance en Algérie. Après avoir fait ses classes préparatoires littéraires au lycée Pierre de Fermat, il intègre l'École normale supérieure de la rue d'Ulm où il se spécialise en philosophie1. Sa thèse de doctorat, dirigée par Sandra Laugier et soutenue à l'Université de Picardie, où il a enseigné en tant qu'Ater, est intitulée Arts anciens, arts nouveaux. Les formes de nos représentations de l'invention de la photographie à aujourd'hui. Il publie en 2007 un ouvrage de philosophie intitulé L'Image aux Éditions Atlande. Amateur de cinéma et de séries télévisées, il rate par deux fois le concours d'entrée à la Fémis2, mais il effectue des études à l'École de cinéma documentaire "Varan". Après avoir été refusé par cinq éditeurs, son premier roman, La Meilleure Part des hommes, est publié en septembre 2008 chez Gallimard. Ce roman retrace, à travers le parcours de trois personnages, l'arrivée du sida au sein du mouvement homosexuel dans les années 1980. Le livre reçoit un accueil globalement favorable des critiques et du public, ce qui en fait l'un des évènements de la rentrée littéraire 2008. Le roman a remporté le Prix de Flore 2008 à l'unanimité dès le premier tour. Il est adapté au théâtre en 20123. En 2010 parait Mémoires de la jungle, son deuxième roman, qui à l'inverse du précédent rencontre un accueil mitigé de la critique. Il reçoit pour ce livre le Prix de la Biennale du livre d’histoire à Pontivy (Morbihan) le 25 mars 20124. La même année, le recueil de nouvelles En l'absence de classement final obtient le Grand Prix de Littérature Sportive5. Il publie en octobre 2011 un essai de métaphysique aux Presses Universitaires de France : Forme et objet. Un Traité des choses. Influencé par Alain Badiou, il s'inscrit dans le courant du réalisme spéculatif, s’inspire de Quentin Meillassoux et est proche de l'Ontologie Orientée vers l'Objet de Graham Harman 6. Suivant une conférence donnée le 25 octobre 2015 dans le cadre du banquet d’automne de Lagrasse, et ayant pour titre: "Le réel n'a pas besoin de nous", il essaie par exemple de saisir le difficile et fuyant problème - ses multiples lieux ou topos -, qui anime chaque philosophe dits "nouveaux réalistes" - dont il se sent précisément proche. Il essaie de comprendre et de s'incorporer au mouvement relationnel et séquentiel ce ces philosophies réalistes qui constituent avec des différences, des variations, et même des différends, la configuration philosophique du moment - ce "moment des années 2000" qui vient après quelque vingt années de quasi inexistence de la philosophie inventive, spéculative, systématique et, surtout, de celle qui touche avec justesse l'époque, lui rendant justice avec sens. Alain Badiou reconnait lui-même publiquement l'importance de l'œuvre pourtant encore largement in progress de Tristan Garcia - notamment en le citant parmi les philosophes qu'il considère comme étant, en France, l'avenir de ce mode du penser particulier qu'est la philosophie: "Une génération de philosophes (...) [s'est] levée, très prometteuse en général par sa redécouverte de la métaphysique (Tristan Garcia, Quentin Meillassoux, Patrice Maniglier, ...)". (Éloge des mathématiques, Flammarion (collection Café Voltaire), Paris, 2015, p. 27) Et Patrice Maniglier l'inclut parmi le petit nombre de philosophes qui constituent, ensemble et singulièrement, selon des thèses qui leurs sont propres mais pourtant reliées les unes aux autres par un problème commun, le moment philosophique actuel (cf. Vers un nouveau "moment" philosophique?, Le magazine littéraire n°553, mars 2015 et Un tournant métaphysique?, Critique n°786, novembre 2012). Il codirige par ailleurs une collection sur les séries télévisées aux Presses universitaires de France.