Paysages dérobés Sergio Ferrero
À Loussac, ville de province française, se trouve un musée qui recèle plusieurs dizaines de petits tableaux de paysages peints à la fin du XIXe siècle. Bizarrement, ces paysages urbains, remarquablement précis, précèdent de trente ou quarante ans la peinture métaphysique de De Chirico. Parmi les toiles, l'une se révèle inachevée. Inattendue aussi.
Elle représente une femme inconnue peinte avec les mêmes vêtements et dans la même attitude que la Joconde de Leonard de Vinci.
Un professeur d'italien à la retraite projette d'écrire un essai décisif sur Léon Grand, le peintre. Il liquide ses biens en Italie, s'installe à Paris puis, accompagné de John, un jeune Américain rencontré par hasard, se rend à Loussac. Là-bas, il découvre l'atmosphère mystérieuse d'une bourgade écrasée par la chaleur étouffante de l'été. Dans les appartements attenants au musée, une curieuse princesse s'habille comme la Joconde. Sa beauté fanée fascine John. Le jeune homme, en qui le professeur voyait un disciple, lui échappe et disparaît.
Nimbé de mystère, vertigineusement construit entre ombre et lumière, le quatrième roman de Sergio Ferrero traduit en français, met en scène une double quête existentielle. Celle d'un jeune homme avide de vivre, celle d'un vieil homme sous les pieds duquel le sol se dérobe. Le professeur n'écrira jamais son essai. La libération viendra d'ailleurs.
Né à Turin en 1926, Sergio Ferrero, homme de culture se partageant entre Milan et Paris, est l'auteur d'une dizaine de romans, dont Les Yeux du père (Rivages, 2002) couronné par le Prix Bagutta en 1996.